La transition agricole, une opportunité à saisir : clés de réussite et risques économiques

2 septembre 2025

Ecrit par : Marc Chautems, , marc.chautems@axaclimate.com

Face à l’intensification des aléas climatiques, à la volatilité des rendements et aux attentes croissantes en matière de durabilité, l’agriculture régénératrice et l’agroécologie s’imposent comme des voies d’avenir. Mais comment accompagner cette transformation sans faire peser l’ensemble des risques économiques sur les agriculteurs ?

C’est la question au cœur de la nouvelle étude publiée par AXA Climate : « Clés de réussite et leviers pour maîtriser les risques économiques de la transition transition ». 

 

Transition agroécologique : un seul chemin ou une mosaïque de solutions?

 

Malgré les bénéfices à long terme, la transition agroécologique est souvent freinée par les incertitudes liées aux pertes de rendement, aux investissements initiaux et à la complexité technique. L’étude souligne qu’elle peut, dans certains cas, améliorer la rentabilité alors que, dans d’autres, elle engendre des coûts supplémentaires ou accroît l’exposition au risque. En réalité, il existe autant de chemins de transition qu’il existe de combinaisons de sols, de climats, de cultures et de pratiques. 

 

Des scénarios modélisés à l’horizon 2050

 

Basée sur l’analyse fine de données satellitaires, climatiques et économiques, l’étude modélise plusieurs scénarios agroécologiques à l’horizon 2050. Résultat : 

Dans un scénario de fortes émissions de gaz à effet de serre et sans évolution des pratiques agricoles, les rendements du maïs pourraient chuter jusqu’à 30 % dans les zones les plus exposées au changement climatique, tandis que ceux de la vigne reculeraient de 45%.

Dans un scénario d’émissions de gaz à effet de serre modérées et sans évolution des pratiques agricoles le blé subirait dans certains départements du Nord-Est une baisse de 17 %. Inversement, l’activation simultanée de plusieurs leviers (réduction du travail du sol, implantation de couverts végétaux et fertilisation organique) permettrait des gains de 15% à 20%. Mais les résultats restent hautement variables selon les pratiques adoptées : prise isolément de toute autre pratique, la réduction du travail du sol pourrait entraîner une perte de 2 % à 3 %.

 

Six retours d’expérience visant à réduire les risques économiques liés à la transition agricole

 

L’étude présente des expérimentations illustrant six changements de pratiques agroécologiques (réduction des intrants chimiques, généralisation des couverts végétaux, changement de pratiques de travail du sol, entre autres) déjà mis en œuvre sur le terrain, avec des outils de suivi, d’analyse des rendements, et des solutions de maîtrise de risques sur mesure structurées par AXA Climate.  

L’un des retours d’expérience présenté est le produit d’assurance innovant conçu pour accompagner la transition vers le biocontrôle et porté par Rémy Cointreau et AXA Climate à Cognac, adossé à l’outil d’aide à la décision “DeciTrait”. Celui-ci suit en temps réel les risques de maladies fongiques et déclenche une compensation si les pertes liées à ces maladies dépassent un seuil convenu. Les viticulteurs restent libres de leur itinéraire technique, mais doivent rester globalement alignés avec les recommandations de l’outil, qui intègre les spécificités des produits de biocontrôle. 

En Pays de la Loire, la coopérative CAVAC et AXA Climate ont structuré un produit d’assurance spécifique pour couvrir le surcoût lié à l’implantation de couverts végétaux complexes : si moins de 20 mm de pluie sont enregistrés sur dix jours entre début août et mi-septembre, la différence de coût (environ 100 €/ha contre 30 €/ha pour une moutarde seule par exemple) est remboursée à l’exploitant. La garantie lève ainsi un frein financier majeur à l’adoption de couverts multi-espèces. 

 

Une transition à construire collectivement

 

Pour AXA Climate, l’assurance peut être un levier pertinent pour accompagner la transition agricole, mais uniquement si certaines conditions sont réunies. Le principe d’une « assurance de la transition » repose sur une promesse claire : garantir aux agriculteurs qu’un changement de pratiques ne les désavantagera pas par rapport à ceux qui n’évoluent pas. Ce mécanisme fonctionne à partir d’une comparaison entre la performance réelle (rendement ou marge) et une performance de référence contrefactuelle (c’est-à-dire celle qu’on aurait observée sans changement). Si l’écart est significatif, l’indemnisation est déclenchée. 

L’enjeu est clair : il ne faut pas que les défis économiques de court terme occultent les bénéfices durables de la transition. La réussite de cette transition suppose une répartition équitable des efforts et des coûts. Pour cela, une coopération étroite entre coopératives, entreprises agroalimentaires, financeurs et acteurs publics est indispensable. AXA Climate appelle à co-construire des solutions justes, pragmatiques et partagées, capables de sécuriser les étapes les plus critiques de cette transition. 

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Pour plus d'informations, contactez Marc Chautems, , marc.chautems@axaclimate.com

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